Le Bienheureux Maurice Tornay
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Actes de Béatification
Pour la mémoire
perpétuelle des siècles,
"Le
Christ a
souffert pour vous, et vous a laissé son exemple afin que vous marchiez
sur ses traces (1 Pierre 2,21) L'exemple du Seigneur Jésus, bon pasteur
qui a donné sa vie pour son troupeau... " Jean Paul II
Le 16 mai 1993, le
Saint-Père Jean Paul II béatifie le Serviteur de Dieu Maurice Tornay en
même temps que les Servantes de Dieu Marie-Louise de Jésus Trichet,
Mère Colomba Gabriel et Florida Cevoli. A cette occasion paraît cet
acte de béatification dont le texte a été publié dans l'organe officiel
du Saint-Siège, les Acta Apostolicae Sedis (AAS LXXXVI (1994), p.
314-318). Nous présentons dans cette page l'original:
Ecrits du Bienheureux
Hanoï, 27 mars 1936.
Mes chers Parents
Mes chers frères, mes soeurs que j'aime tant,
Mon porte-plume est à sec, comme un vieux tonneau; ne vous offensez pas de ce méchant crayon qui va vous empêcher de pleurer et de lire en même temps : ce sera si peu lisible ;
mon cerveau, il y a dedans à peu près autant de désordre que dans le tiroir où vous tenez les ficelles, les papiers, etc. Ne cherchez donc pas trop de logique.
Donc nous avons quitté la mer, mercredi, le 25. Le bateau a gagné une semaine en brûlant les étapes et surtout, les arrêts. Sur 28 jours de traversée, trois jours de mal de mer; résultat :
tout va bien, et une expérience de plus ; autre résultat - celui-ci, tous l'ont obtenu - c'est l'effet d'un long voyage sur mer: un peu fatigué, tête en l'air et, quand on marche,
on dirait qu'on est en barque.
Hoa-Lo-Pa, le 14 mars 1940.
Ma toute chère Joséphine,
J'ai reçu ta chère lettre, il y a quelques jours seulement. Il fait si bon te relire ; il fait si bon penser aux parents lointains !
Non, je ne sais pas quelle meilleure consolation, après la prière, que de revivre avec ceux d'autrefois. Merci beaucoup. Ainsi, les vieux s'en vont. Adèle est morte. Adèle, c'était
à elle seule toute une Rosière. Que de changements, depuis mon départ ! Je crois que, dans quelques années, je ne reconnaîtrai plus rien. La vie est brève ; la figure de ce monde passe91.
Maman est fatiguée. Je comprends, après tout ce qu'elle a fait. Pauvre Maman ! Dis-lui que je connais bien le Bon Dieu, et que le Bon Dieu lui donnera la mort qu'elle mérite: une
mort douce, celle du travailleur fatigué. Elle rentrera au ciel, comme l'ouvrier qui rentre chez lui, à la fin de son travail.
Et Papa est monté encore aux Crettes ? C'est un brave ! Au reste, je ne le vois pas ailleurs que là. Dis-lui qu'il aura une récompense particulière, parce que, mieux que d'autres,
il a aimé ce que le Bon Dieu a fait de plus beau.
A l'un et à l'autre, fais leur entendre que je ne suis pas si loin et que d'ici, je puis leur être utile autant qu'à côté... Mon devoir est de prier. La prière nous a fait
ce que nous sommes; elle nous sauvera.